Comment trouver son équilibre
La paix commence avec soi-même.
Vous apprenez l'équilibre au moment où vous êtes sur le point de le perdre
Je fais souvent un parallèle entre l'équilibre mental et l'équilibre physique, car il est parfois plus facile de se référer au plan physique, pratique, plutôt qu'au plan mental, intangible. C'est assez instinctif de réagir et de s'ajuster pour éviter une chute physique, alors que l'idée d'agir et de s'ajuster pour préserver notre équilibre mental est parfois plus difficile à saisir, et encore plus à exécuter. Bien que dans les deux cas, nous ne pensons pas nécessairement à ce dont nous avons besoin pour rester dans un état d'équilibre, jusqu'au moment exact où nous le perdons.
Il y a quelques jours, j'ai atterri à Oslo et la neige m'a accueillie devant la gare. J'étais très enthousiaste et j'ai commencé à marcher avec confiance vers la sortie. Rapidement, les lois de la physique m’ont rappelées que la neige et la glace sont en fait très glissantes, et que mes petites baskets de ville n'étaient certainement pas l'équipement le plus approprié que j'aurais du porter dans ce contexte. Mais étant habituée aux exercices physiques, mes muscles ont réagi avant même que je ne puisse réaliser ce qui se passait : mes abdos se sont engagés, mes quadriceps se sont stabilisés et mes pieds se sont replacés pour soutenir mon centre de gravité et me ramener à un état d'équilibre comfortable. Tout ça s'est passé si rapidement que mon cerveau a eu à peine le temps d'articuler par la bouche un juron typiquement français.
Avant que le changement de contexte - la neige - me fasse littéralement perdre pied, j'ignorais totalement ce que mon corps faisait déjà pour me maintenir dans un état d'équilibre. À partir du moment où, enfant, nous apprenons à nous tenir debout et à marcher, notre corps enregistre instinctivement comment trouver l’équilibre, au point où nous n'avons pas à y penser activement. Et c'est une bonne chose : vous imaginez si nous devions nous concentrer pour nous tenir debout et marcher ? On ne pourrait rien faire d'autre.
Mais pour apprendre à s'équilibrer en tant que tout-petits, nos corps ont d'abord dû faire l'expérience de la chute. En tombant, nous avons appris quoi faire pour nous adapter et nous relever.
Il en va de même avec notre équilibre mental. Idéalement, nous aurions tous dû grandir en apprenant à trouver notre équilibre mental comme nous avons appris à trouver notre équilibre physique. Avec l'aide d'un environnement aimant et bienveillant qui nous encourage, nous tient la main mentale quand tout devient bancal et nous aide à nous remettre mentalement sur pied après chaque chute. Mais la réalité est que la santé mentale est rarement considérée ou discutée. La plupart des gens se sentent impuissants et paniquent face à quelqu'un qui souffre d'un problème de santé mentale. En conséquence, nous développons tous des mécanismes d'adaptation, plus ou moins sains, plus ou moins efficaces. Grandir et devenir mature c’est reconnaître que certains de ces mécanismes pourraient en effet ne pas être sains ou efficaces, et avoir la volonté de les désapprendre, d’en apprendre d’autres et de les ajuster. Même si ça signifie parfois devoir vivre l'inconfort de renoncer à des comportements familiers. C'est effrayant.
Ce n'est qu'une fois qu’on se sent dériver qu’on peut sentir que quelque chose ne va pas. Et si vous faites l'effort de vous connecter à vous-même et si vous prêtez attention aux signaux que votre corps, votre esprit et votre coeur vous envoient, vous pourrez commencer le processus d'ajustement et éventuellement revenir à un état d'équilibre. Avec le temps et la pratique - comme pour vos premiers pas - vous pourrez également vous rattraper avant de tomber.
L'équilibre nécessite le contrôle et le lâcher prise
Comment retrouver cet état d'équilibre de manière saine et durable ? La première étape consiste à se tourner vers l’intérieur et à prêter attention aux signaux. Et clairement, ça peut faire peur. Et si nous n'aimions pas la personne que nous devons être pour nous sentir en paix ? Je vais parler de ce que je connais d’expérience, mais je suis convaincue qu'il en va de même pour de nombreux autres types de troubles de santé mentale.
Pendant mes années d'anorexie, mon style de vie était la quintessence du contrôle. Tout ce que je faisais, du lever de sourcil à mon alimentation, tout était soigneusement planifié et mesuré. J'avais des listes pour littéralement tout, et j'avais toujours 2 à 3 coups d'avance, car mon cerveau passait tout son temps à anticiper toutes les éventualités possibles de toutes situations potentielles. Il n'est pas surprenant qu'après quelques années à ce rythme mon corps et mon esprit aient eu besoin d'un exutoire. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à alterner des périodes de boulimie incontrôlable et des périodes d'anorexie restrictive. Du chaos total au contrôle dictatorial.
Avant de commencer à guérir de mes troubles de l'alimentation, j'étais très fière de vivre une vie de chaos. Je pensais que j'accomplissais un acte fort de rébellion contre ce qu'on attendait de moi. Parce que rien de ce que je pouvais faire n’était assez bien de toutes façons. Quelle qu’en soit la raison, j'avais cette image en tête de qui je voulais - et ne voulais pas - être. Mais en essayant de me tenir à cette version imaginaire de moi-même, j'ignorais mes besoins, j'évitais de fixer des limites et je nuisais finalement à ma santé physique et mentale.
Une fois que je me suis sentie suffisamment en sécurité pour me permettre d'explorer mes vrais besoins, j'ai découvert que la première étape consistait à abandonner ces attentes que j'avais - ou que d'autres avaient - déterminées pour moi. Cette liste de cases que je pensais - ou qu'on m'avait dit - que je devais cocher pour être une femme adulte accomplie, heureuse et à succès. Personne d'autre que vous ne devrait jamais décider de ce à quoi devrait ressembler votre vie. Le chemin du succès de quelqu'un peut ressembler à la définition de l'enfer pour quelqu'un d'autre. Sans pour autant que quiconque ait fait quelque chose de mal.
La seule chose qui compte vraiment, c'est de se comporter en accord avec nos croyances et nos valeurs.
Apprendre à faire la paix avec l’idée d’abandonner ce qui semblait être une sorte de chemin ou de structure - même si ça n'a peut-être jamais correspondu à qui nous sommes - ne va pas se faire du jour au lendemain. C'est un grand changement, et les grands changements font peur. Il se peut même qu’on éprouve du regret pour ce chemin inadéquat, surtout si nous nous y sommes accrochés pendant longtemps. Pour contrebalancer, nous devons commencer à chercher ce qui a réellement du sens pour nous. Dessiner notre propre chemin en fonction de nos besoins réels. Trouver quelle est notre définition très personnelle du succès. Et pour le savoir, nous devons rester à notre écoute, continuellement, jour après jour.
L'équilibre n'est pas immobile
Je suis récemment rentrée d'une semaine de surf en Amérique Centrale. Même si vous n'avez jamais essayé le surf, je suis sûre que vous pouvez imaginer que se tenir debout sur une planche en mouvement flottant sur les vagues est un exercice d'équilibre difficile ! Le soir venu, mes amis et moi regardions un documentaire sur les surfeurs pros, histoire de s'inspirer (et aussi pour le drama), et honnêtement, quand on regarde ces gens se déplacer avec une telle aisance avec leur planche sur l'océan agité, on se me demande comment ils peuvent rester aussi stables et immobiles.
La vérité est qu'ils ne sont ni stables, ni immobiles.
Car pour trouver l’équilibre dans un contexte imprévisible, il faut être capable d'agir pour s'adapter et s'ajuster rapidement. Bien sûr, de l'extérieur, ils ont tous l'air stables et immobiles, mais intérieurement, ils sont parfaitement concentrés sur le fait de ressentir tous les changements et de s'y adapter.
Comme toujours, nous pouvons établir un parallèle entre l'équilibre physique et mental. Même votre ami le plus calme et mesuré fait constamment des ajustements. Tout comme les surfeurs professionnels, il a certainement de l'expérience ; il se connait assez bien et a intégré des schémas pour retrouver son équilibre lorsqu'il a l'impression de dériver. Il a surement aussi défini un périmètre sain - des limites - à l'intérieur duquel il sait qu'il peut jouer sans trop de risque de chute. C'est son espace sûr. Il a identifié et fixé ces limites par amour plutôt que par honte (perfectionnisme) ou par peur (anxiété). En restant dans ce périmètre de sécurité, il minimise l'amplitude entre le chaos et le contrôle total, et rend le retour à l'équilibre beaucoup plus gérable.
Définir des limites saines devient plus facile une fois que nous savons ce dont nous avons besoin et abandonnons ce dont nous n'avons pas besoin.
Nos limites existent pour protéger l'espace qui nous est nécessaire pour guérir et grandir. Elles nous permettent de nous sentir mieux dans notre peau, ce qui conduit finalement à mieux nous aimer. Elles permettent également aux personnes qui tiennent à nous de mieux nous aimer aussi, car plus elles connaissent nos besoins et nos valeurs, mieux elles peuvent nous soutenir.
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