“Une valeur est une valeur quand vous lui accordez de la valeur” - Sudhir Rishi.

On ne peut pas forcer une valeur. Je veux dire par là que si quelque chose nous tient à coeur véritablement, alors ça transparaitra au travers nos actions et pensées. Si on accorde de la valeur à quelque chose, si on en comprend l’importance, alors cette chose devient une de nos valeurs. De la même façon, quelque chose qu’on ne comprend pas et dont on ne sait pas apprécier l’importance ne peut pas être une valeur, quoi qu’on en dise. Ce qui ne signifie pas que nos valeurs ne peuvent pas évoluer. Avec l’expérience, on peut apprendre ou comprendre l’importance de choses qu’on n’aurait jamais considérées auparavant; ces choses deviennent alors de nouvelles valeurs.

Mais on ne peut pas "désapprendre" nos valeurs car "L'ignorance ne revient jamais" - Sudhir Rishi. Parfois quand notre esprit est troublé et qu’on manque de clarté, on peut les perdre de vue. Alors nos décisions et actions ne sonnent pas juste. On peut parfois être tellement perdu qu’on ne comprend pas d’où vient ce sentiment d’incertitude. C’est parce qu’on ne respecte pas nos valeurs. La pression sociale, l’anxiété et la peur peuvent nous empêcher de penser correctement, et c’est à ça que sert la méditation: ça aide à y voir plus clair.

Yamas & Niyamas

Les Yamas et Niyamas sont 2 des 8 branches de l'ashtanga yoga. Les Yamas sont les valeurs connectées aux émotions profondes. J’aime les voir comme les valeurs qui définissent qui nous sommes en tant qu’individus. Les Niyamas sont les valeurs connectées aux pratiques personnelles. J’aime les voir comme les valeurs qui définissent comment on se comporte en société.

Il y a 5 Yamas:

• Ahimsa - non-violence.
• Satya - authenticité.
• Asteya - honêteté.
• Brahmacharya - controle des sens.
• Aparigraha - détachement.

Et 5 Niyamas

• Sauca - pureté.
• Santosha - satisfaction.
• Tapas - discipline.
• Svadhiyaya - étude de soi.
• Ishvara Prani Dhaana - dévotion.

Je disais plus haut qu’on ne peut pas forcer une valeur - elle n’est une valeur que quand on a compris sa valeur. Mais j'étudie le yoga et j'aspire à vivre une vie yogique du mieux que je peux. Plutôt que d’essayer d’appliquer les 5 Yamas et Niyamas tels qu’ils sont listés ci-dessus et prétendre que ce sont mes propres valeurs, j’ai voulu voir si elles coïncidaient avec les miennes.

Mes valeurs personnelles

Apprendre les 5 Yamas et 5 Niyamas m’a permis de réfléchir à mes valeurs personnelles. Je sais que j’en ai, c’est certain, mais je n’avais encore jamais pris le temps de les lister et de comprendre leur impact dans mes choix de vie. Lister par écrit ce que je considère être mes valeurs m’a aidé récemment à prendre une importante décision dans ma vie professionnelle. Si vous vous sentez incertain et confus au sujet d’une décision que vous devez prendre, je vous invite à faire le même exercice car ça m’a beaucoup aidée, m’a permis d’y voir clair et de prendre une décision sans être stressée.

J’ai commencé par lister les choses qui comptent le plus pour moi. Ces choses sont:

Mes amis et ma relation avec eux

Ils sont la famille que j’ai choisie. Ma relation avec mes amis est plus importante que tout. J’ai de la chance d’avoir gardé mes amis d’enfance donc je peux dire sans trop m’avancer qu’ils y sont pour beaucoup dans la personne que je suis aujourd’hui (même si ça peut sembler cheesy). Ils m’ont beaucoup inspirée, parfois même sans le savoir, et ils m’ont constamment soutenue.

On peut donc dire que l’amitié est une de mes valeurs. Mais qu’est-ce qui défini une amitié? Pour moi c’est la confiance, le soutien et la bienveillance. Mes amis sont des gens à qui je confierais ma vie, des gens qui seront toujours là pour moi, et des gens dont les propos partent toujours d’un bon sentiment et pas d’un besoin de jugement. Ça ne veut pas dire qu’on ne peux pas se faire de la peine parfois, mais je sais que si ça arrive, c’est généralement que notre ego s’en mêle ou qu’on s’est mal exprimé. Rien qui ne puisse être résolu avec une discussion. Notre relation est authentique et je sais que je peux être moi-même avec eux, autant qu’ils peuvent l’être avec moi. Je pense que c’est ma façon à moi de pratiquer satya.

Être mon propre héros

Pratique ce que tu prêches. Je fais de mon mieux pour ne pas être dans le jugement mais c’est impossible de ne pas avoir d’opinion. Les choses devraient être plus comme-ci, cette personne devrait être plus comme cela. Quand j'enseigne, je fais de mon mieux pour apporter un retour constructif car je pense que le changement doit venir d’une volonté personnelle, et non du fruit de reproches. Dans mon autre travail j’essaye de me comporter du mieux que je peux en espérant que ça inspirera les autres membres de l’équipe, ou du moins que ça les fera réfléchir à quel type de personne ils veulent être au travail (et la réponse peut tout à fait être ‘certainement pas comme toi!’ et ça ne serait pas un problème ;)). Quand je me surprends à penser à quelque chose de pas très glorieux, j’essaye de me défaire de cette pensée et je choisis d’agir positivement. Je pense que chasser la négativité de mon esprit et mon comportement revient à pratiquer sauca.

Apprendre

De nouvelles choses tout le temps. Je trouve que vouloir apprendre de nouvelles choses ouvre de nouvelles perspectives. Ça apporte de nouvelles clefs pour déchiffrer le fonctionnement du monde qui nous entoure. Apprendre de nouvelles choses revient à accueillir l’inconnu à bras ouverts, être à l’aise avec le fait de ne pas savoir et d’être un débutant. Avec le fait de faire des erreurs également. Il y a bien sûr des domaines dans lesquels je suis plus à l’aise que d’autres à l’idée de faire des erreurs, mais je pense que déménager dans un pays étranger m’a vraiment forcée à accepter l’idée qu’il est ridicule de poursuivre un idéal de perfection. Quand on commence à vivre dans un endroit où la culture, les codes sociaux, les normes sont différentes de nos normes, où on parle un language différent, on n’a pas d’autre choix que d’être à l’aise avec le fait de faire des erreurs. Ça ne sera pas facile tous les jours, mais en fin de comptes on en resort grandis et contents. Je pense que c’est tapas. Pratiquer quelque chose en dehors de notre zone de confort, avec discipline. Comme pratiquer le yoga sur et en dehors du tapis. Ou découvrir une nouvelle activité comme en ce qui me concerne les cerceaux aériens.

Gratitude

J’ai découvert récemment le pouvoir de la gratitude. Je pense qu’après avoir passé tant d’heures en cours de yoga, lu tant d’articles et d’invitations à être reconnaissant, j’ai voulu essayer. J’ai commencé à dire merci pour des choses que j’aurais considérées ‘normales’ il y a quelques mois. Et à le penser! Il y a tant de choses pour lesquelles on peut être reconnaissant: le temps et l’effort que quelqu’un passe avec vous, la façon dont ils vous font vous sentir, la façon dont ils vous inspirent. Ça s’applique également aux choses, à l’environnement, et à nous-même. Parfois les gens ne sont même pas conscients de leur impact, parfois ils sont payés pour ça. Quoi qu’il en soit, dire merci aura le double effet de leur faire plaisir et de vous faire prendre conscience de l’impact que cette personne - ou chose - a eu dans votre vie. Ça nous apprend à apprécier les choses simples. La gratitude est, en réalité, bénéfique des deux côtés. Je pense que c’est pratiquer santosha.

Bienveillance

Bizarrement, c’est une autre valeur dont je n’ai commencé à comprendre l’importance que récemment. Ce qui ne veut pas dire que jusqu’ici j’étais odieuse, mais j’ai tendance à être quelqu’un de plutôt direct, ce que j’ai appris par l’exemple. Et même si je crois que la sincérité et l’honnêteté sont des vertus, je suis désormais bien plus conscience de l’impact de la de façon dont on présente les choses. On peut faire passer le même message avec bienveillance et - oh surprise - il sera bien mieux reçu. Les encouragement accomplissent plus que les punitions et les reproches. Mais ça demande du courage d’être bienveillant, et de l’énergie de permettre et d’aider les autres - et soi-même - à s’épanouir. C’est beaucoup plus simple d’être tout le temps sur la défensive et de rejeter en bloc tout ce qui n’est pas encore assez bien. Ça demande de la patience et de l’amour. Je pense que c’est pratiquer ahimsa.