C’est la fin de la première semaine de ma formation de professeur de yoga - 200h Ashtanga Vinyasa - et elle a été plutôt intense. Trois matinées cette semaine nous avons pratiqué 2h d’ashtanga, guidé par Martin Sittek, de 6h30 à 8h30 du matin, et je peux vous dire que c’est violent. L’ashtanga en soi est déjà une pratique difficile, mais si on y ajoute l’heure à laquelle on se lève, la température ambiante, les moustiques, la fatigue due à notre programme chargé, ça rend le challenge encore plus brutal. Enfin, nous sommes ici pour apprendre et ça ne serait pas drôle si ce n’était pas difficile, non? Les 3 autres matinées, nous pratiquons un vinyasa flow, que je trouvais très - voire trop - doux au départ, mais que j’ai appris à apprécier, étant donné que c’est la première chose que l’on fait en se levant. Chaque pratique est suivie d’une session de pranayama et méditation, où l’on apprend les différentes techniques de respiration - ce qu’elles provoquent dans notre corps et comment les executer. Pour être honnête, je pense que les cours de méditation sont les plus difficiles pour moi - c’est simple, je n’arrive pas à rester immobile.

Je ne suis pas une ashtangi. Je pense que j’ai du aller à 5 cours d’ashtanga dans ma vie et ce sont les cours que j’ai le moins aimé. Parce que ce n’est pas un flow comme le vinyasa, et parce que c’est toujours les mêmes postures dans le même ordre. Et bien que je puisse comprendre que certaines personnes aiment la routine, le fait de ne pas avoir à réfléchir à ce que vous faites, personnellement je sais que j’aime la liberté qu’offre le vinyasa, et pouvoir travailler sur des transitions entre les postures. Ceci étant dit, le fait d’avoir pratiqué l’ashtanga toute la semaine m’a appris à l’apprécier plus, car cette pratique a quelques transitions compliquées que je vais adorer travailler (comme par exemple, sauter assis entre les bras, en avant et en arrière). L’ashtanga est également très précis en termes d’alignement, et on passe 2h tous les jours a décortiquer chaque pose pour apprendre le positionnement exact dans chaque posture de la première série. Je suis quelqu’un d’analytique, j’adore comprendre le pourquoi avant d’apprendre le comment. Et c’est exactement le but de ces cours d’alignement. Pendant ces cours, on apprend aussi comment ajuster les positions, chose que jusqu’ici je n’ai jamais osé faire car un mauvais alignement peut engendrer des blessures. Les cours d’alignement sont vraiment fun mais aussi assez difficiles car il faut savoir jauger la force que l’on va mettre dans l’ajustement, et ça varie beaucoup selon la personne qu’on ajuste; on ajuste pas un débutant de la même façon qu’on ajuste un yogi experimenté.

En plus de la pratique physique, nous avons des cours d’anatomie, des cours de philosophie et des cours d’enseignement. Et je n’arrive pas à me decider sur quel est mon cours préféré! J’ai déjà appris tellement de chose en anatomie - qui est doublement compliqué pour moi car je ne connaissais aucun terme anglais. C’est tellement important de comprendre la structure et le fonctionnement du corps afin de pouvoir corriger correctement l’alignement, et pouvoir proposer des modifications en cas de blessures. Ça apporte aussi une meilleure comprehension de son propre corps - le yoga m’a déjà aidé à écouter mon corps et à faire attention à comment je me sens, maintenant je peux comprendre un peu plus précisément ce qu’il se passe à l’intérieur et pourquoi je me sens comme ça. Notre prof Maria, qui est aussi la prof d’enseignement et de vinyasa, a vraiment su rendre accessible la complexité de cette matière.

Les cours de philosophie nous sont enseignés par Sudhir, le directeur de Sampoorna yoga. Sudhir a étudié la philosophie yogique pendant des années - il a même été moine pendant un moment et a vécu dans un monastère. Ses connaissances sont aussi étendues que profondes, et l’écouter est toujours très inspirant. Comme il aime le dire, il veut qu’on quitte son cours plus confus que quand on y est arrivé. Les cours des philosophie couvrent l’histoire des yoga sutras, des Vedas jusqu’à la forme moderne de Hatha/Ashtanga. C’est très interessant et ça m’a fait comprendre le sens de beaucoup de rituels dont je connaissais l’existence mais que je ne pratiquais pas car je ne savais pas ce qu’ils signifiaient.

Enfin, les cours d’enseignement. Apparemment ce n’est pas un module qui existe dans toutes les formations, mais pour moi qui n’aie jamais enseigné le yoga ou le fitness (plusieurs étudiants ici sont déjà prof de fitness donc ils savent comment enseigner), je les trouve très utiles. Jusqu’ici on a appris à parler publiquement, séquencer un cours avec un climax - ‘peak posture’ - et un flow pour préparer le corps à cette posture, puis un autre flow pour un intégrer la posture après l’avoir explorée. Nous avons appris différentes manières de donner des indications, en utilisant des termes anatomiques ou bien des métaphores.

Comme vous pouvez le voir, la semaine a été dense. On ne pratique pas plus que d’ordinaire (généralement je pratique tous les jours ou du moins un activité physique tous les jours) mais ce n’est pas le but de cette formation. Nous sommes ici pour apprendre comment enseigner le yoga. La quantité d’information dont on doit se rappeler est énorme. Le simple fait de devoir apprendre le nom sanskrit de toutes les postures de la première série d’ashtanga est un exercice vraiment difficile! Nous avons seulement un jour et demi de libre par semaine et j’ai déjà passé plus de la moitié à faire mes devoirs. Je ne me plains pas pour autant - j’adore apprendre de nouvelles choses tous les jours et l’atmosphère bienveillante dans le groupe aide beaucoup à rendre cette expérience fun et enrichissante.